Sexualité et blessure médullaire : réinventer, pas renoncer
- Laetitia Rebord
- 5 sept.
- 3 min de lecture

Le 5 septembre marque la Journée internationale des blesséEs médullaires. Une occasion essentielle de rappeler que la vie ne s’arrête pas après une lésion de la moelle épinière, et encore moins la vie intime.
Beaucoup de personnes pensent, à tort, qu’après un accident entraînant une paraplégie ou une tétraplégie, la sexualité disparaît. En réalité, elle ne disparaît pas : elle change, elle s’adapte, elle se réinvente. Et cette réinvention peut donner naissance à une vie intime riche, créative et profondément humaine.
Paraplégie vs tétraplégie : comprendre
Paraplégie : paralysie des jambes (et parfois du bas du tronc), due à une lésion de la moelle en dessous du cou. Les bras et la respiration sont préservés.
Tétraplégie : paralysie des quatre membres (jambes et bras), avec une atteinte plus globale de l’autonomie, conséquence d’une lésion cervicale.
Dans les deux cas, c’est la transmission nerveuse qui est perturbée : le cerveau n’envoie plus correctement de messages aux zones situées en dessous de la lésion. Cela impacte la mobilité et la sensibilité.
Quels impacts sur la sexualité ?
Une blessure médullaire peut modifier :
les sensations génitales (partielles ou absentes),
la capacité à avoir une érection ou une lubrification,
la possibilité d’éjaculer ou d’atteindre l’orgasme,
la fertilité (souvent réduite chez l’homme, préservée chez la femme),
mais aussi la confiance en soi et l’image du corps.
Pour autant, cela ne signifie pas que la sexualité prend fin. Simplement, les repères changent. Beaucoup de personnes découvrent de nouvelles zones érogènes (cou, tétons, oreilles, lèvres…), ou apprennent à mobiliser davantage les autres sens (vue, odorat, imagination, complicité).
L’importance de l’âge
Accident enfant/jeune : il peut freiner la construction de l’identité sexuelle. Un accompagnement spécifique est nécessaire pour rassurer et ouvrir de nouvelles perspectives.
Accident à l’âge adulte : le défi est d’adapter une vie intime “connue” à une sexualité nouvelle, parfois très différente.
Dans les deux cas, le désir reste intact : la question est de trouver comment l’exprimer autrement.
Dépasser le mythe de la performance
Notre société associe sexualité à performance : pénétration, érection parfaite, orgasme rapide. Ce modèle est limité et excluant.
La blessure médullaire oblige, d’une certaine manière, à sortir de ce carcan. Elle invite à une sexualité plus globale, plus créative, centrée sur le partage et l’exploration plutôt que sur des “performances” normées.
Conseils pratiques
Communiquer sans tabou : parler de ses envies, de ses craintes, de ce qui marche ou pas.
Explorer son corps : redécouvrir les zones sensibles, seulE ou avec sa/son partenaire.
Utiliser les sens : musique, odeurs, lumières, imagination.
Adapter les positions : coussins, sangles, accessoires de maintien.
Tester des sex-toys adaptés : vibros, dispositifs fixés, aides techniques.
Avancer pas à pas : garder humour (c’est très sexy) et patience, valoriser chaque progrès.
Ce qui est le plus difficile
En tant que paire-aidante, je le constate souvent : le plus grand défi n’est pas l’absence de mouvements, mais la perte de sensations.
On peut compenser un geste manquant, mais il faut plus de créativité pour retrouver du plaisir quand les sensations habituelles disparaissent. Cela demande un véritable travail de réappropriation du corps.
Le poids du regard validiste
Le frein le plus lourd reste souvent extérieur : les représentations de la société.
Trop souvent, les personnes paralysées sont vues comme “asexuées”. On ignore leur désir, on infantilise leur corps.
Pourtant, aimer, désirer et être désiréE est un droit universel.
Déconstruire les représentations, montrer des exemples positifs et oser en parler ouvertement est une étape clé pour briser ce stéréotype.
Parce qu’avancer solo est difficile… je suis là !
Réapprendre à aimer son corps, à explorer de nouvelles sensations et à reconstruire une sexualité épanouie après une blessure médullaire est un parcours possible, mais il peut sembler long, parfois décourageant.
Tout faire seulE, c’est compliqué : entre le poids du regard des autres, les changements sensoriels et la peur de l’inconnu, on peut vite se sentir perduE.
C’est justement là que j’interviens. En tant que paire-aidante et coach, je vous accompagne pour :
travailler votre rapport au corps,
explorer vos désirs et vos sensations,
inventer une sexualité qui vous ressemble.
Vous n’avez pas à affronter ce chemin en solitaire. Ensemble, on peut transformer les obstacles en opportunités.
Contactez-moi : la première séance de coaching découverte est gratuite (1h).
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