L'inaccessibilité : obstacle majeur à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées
- Laetitia Rebord
- 28 avr.
- 2 min de lecture

Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée mondiale des mobilités et de l'accessibilité, il est urgent de rappeler une réalité trop souvent invisibilisée : l'inaccessibilité des lieux de socialisation et d'intimité est un frein majeur à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap.
Aimer, sortir, flirter : mission impossible
Sortir boire un verre, rejoindre unE amiE, rencontrer un crush, baiser, faire la fête…
Autant d'expériences universelles, mais qui, pour nous, personnes handicapées, relèvent du parcours du combattant.
Chaque sortie doit être planifiée comme une opération militaire :
Repérage minutieux des lieux accessibles (terrasse, entrée, toilettes ?).
Stratégie d'hydratation pour éviter le piège de l'absence de sanitaires adaptés.
Communication constante pour rappeler aux amiEs, aux collègues, aux partenaires que non, tout n'est pas accessible de base.
Anticipation des humiliations possibles : être bloquéE devant, s’être déplacéE et avoir dépensé de l’énergie inutilement, devoir quémander de l'aide, être somméE de "prévenir à l'avance".
Notre liberté mobile n’est pas un luxe.
C’est une nécessité vitale.
L'obligation légale ? Un échec retentissant
Depuis la loi du 11 février 2005, tous les Établissements Recevant du Public (ERP) sont censés être accessibles.
Et pourtant :
Aujourd’hui, seuls 50% des ERP sont réellement accessibles (source : Défenseur des droits).
Pire : 1 ERP sur 3 a obtenu une dérogation pour rester inaccessible (source : Ministère de la Transition écologique 2022).
La loi existe, mais l’État laisse faire.
La discrimination est institutionnalisée.
Les transports : la liberté de circuler… pour qui ?
Comment rejoindre ses amiEs, ses amantEs, sa famille si les transports eux-mêmes nous barrent la route ?
70% des gares françaises ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite (source : rapport Sénat 2023).
Le manque de bus, trams, taxis adaptés reste massif, même en 2025.
Sans transports accessibles, pas de rencontres. Pas de vie intime. Pas de liberté.
La loi ELAN : le sabotage assumé
En 2018, la loi ELAN a réduit l’obligation d’accessibilité dans les logements neufs de 100% à seulement 20%.
Moins de logements accessibles, c’est :
Moins de possibilités d’inviter, de recevoir, de partager.
Moins de chances de construire des relations amoureuses, sexuelles, amicales.
On nous enferme dans nos propres logements, quand il y en a.
On nous enferme dans l’isolement social et affectif.
L'inaccessibilité est un choix politique
L'inaccessibilité n'est pas un hasard.
C'est un choix.
Refuser de rendre accessible un lieu, c'est écrire, en lettres invisibles mais indélébiles :
« Interdit aux personnes handicapées »
Imagine-t-on un restaurant affichant "Interdit aux personnes noires" ?
Non. Et fort heureusement !
Alors pourquoi tolérer l'exclusion des personnes handicapées ?
Chaque bar, chaque restaurant, chaque association, chaque lieu, chaque événement inaccessible :
C’est une exclusion assumée.
C’est du validisme pur et simple.
C’est un refus de reconnaître notre humanité.
Devenir alliéE : boycotter, dénoncer, agir
Être alliéE, ce n’est pas juste dire que nous sommes courageux•euses.
C’est agir concrètement :
Boycottez les lieux inaccessibles.
Dénoncez l’exclusion.
Déconstruisez vos privilèges valides.
Exigez l’accessibilité partout, tout le temps.
Parce que vivre sa vie affective et sexuelle n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental.
Parce que tant que l’accessibilité sera optionnelle, notre humanité restera bafouée.
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